• Publié par Akim Demora

H&M lance ses premiers mannequins IA avec consentement contractuel : un tournant stratégique pour le marketing visuel de la mode.

  • Expérience et relation client
  • Personnalisation
  • Content marketing

H&M annonce l’utilisation de mannequins IA créés à partir de jumeaux numériques de personnes réelles, avec leur accord contractuel. Ce projet vise à optimiser la production visuelle et à ouvrir un nouveau dialogue entre IA, droits à l’image et métiers créatifs.

Face à l’explosion des contenus visuels nécessaires pour le e-commerce et les réseaux sociaux, les marques de mode explorent l’IA générative pour gagner en efficacité. Mais ces outils suscitent des craintes pour les métiers créatifs et les droits à l’image. H&M se positionne en pionnier responsable, en associant les mannequins à la création et à la gestion de leurs doubles numériques. Un virage stratégique, à l’heure où le secteur cherche à concilier innovation technologique et respect des parties prenantes.

Points clés

  1. 30 mannequins digitaux développés avec leurs propriétaires réels
    H&M travaille avec des mannequins et leurs agences pour créer des jumeaux numériques fidèles, générés à partir de photos prises sous différents angles, en mouvement et en conditions variées. Ces doubles incluent des détails fins comme les grains de beauté et la gestuelle, grâce à la technologie du partenaire Uncut.
  2. Propriété intégrale des modèles sur leur double numérique
    Chaque mannequin conserve l’entière propriété de son jumeau digital. Ils peuvent autoriser ou refuser son utilisation par H&M — ou par d’autres marques, y compris concurrentes — et percevront une rémunération pour chaque campagne utilisant leur image IA.
  3. Un cadre contractuel clair pour prévenir les dérives
    Inspirée de la Fashion Workers Act de l’État de New York, l’approche d’H&M impose un consentement écrit indépendant du contrat de représentation. Le mannequin (ou son agent) négocie les droits d’usage du double numérique selon les mêmes critères qu’un shooting réel : durée, marché, support, tarifs.
  4. Un levier d’agilité pour les campagnes omnicanales
    Grâce à ces mannequins IA, une même mannequin pourra être en défilé à New York et apparaître en lookbook digital à Stockholm, sans déplacement physique. Cela répond aux exigences de time-to-market et de volume de contenus dans le retail fashion.
  5. Une transparence vis-à-vis du consommateur et des tests encadrés
    Les visuels IA seront identifiables via watermarking. H&M prévoit de lancer les premiers tests sur les réseaux sociaux afin d’analyser la réception du public. La marque assume que les réactions seront partagées, mais mise sur la pédagogie et la transparence pour accompagner l’innovation.
  6. Une transformation du rôle des métiers créatifs en tension
    Si H&M affirme avoir consulté maquilleurs, stylistes et photographes, les impacts restent incertains. Plusieurs professionnels du secteur s’inquiètent d’une réduction progressive des équipes sur les shootings, déjà amorcée depuis la pandémie. L’usage croissant d’images générées par IA pourrait concentrer les campagnes sur une minorité de talents au détriment d’une économie collaborative plus large.

Insight

Ce projet structure une nouvelle chaîne de valeur autour de l’image dans le retail : mannequins-avatars, agences, IA, plateformes. Il rebat les cartes de la production de contenu tout en soulevant des enjeux cruciaux : transparence éthique, gouvernance de la donnée biométrique, droits contractuels des freelances. Pour les retailers, il s’agit d’une opportunité de personnalisation et d’efficacité, mais aussi d’un test grandeur nature de la cohabitation entre humain et IA dans les processus créatifs.

Pour aller plus loin

  1. Adopter une IA responsable : inclure les talents humains dans le développement et la gouvernance des avatars numériques.
  2. Formaliser des cadres juridiques clairs pour le droit à l’image numérique et les droits d’exploitation IA.
  3. Intégrer progressivement l’IA dans les workflows visuels pour tester l’acceptabilité client et mesurer l’impact organisationnel.
  4. Valoriser l’IA comme levier complémentaire, non substitutif, à la créativité humaine dans la mode et la publicité.

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